08Avr

Dans la petite ville côtière de Bargny, au Sénégal, se trouve une communauté de femmes fortes et courageuses qui se consacrent à la transformation des produits halieutiques. Ces femmes, souvent appelées les “femmes transformatrices”, sont le pilier économique de leurs familles et de leur communauté. Cependant, leur vie est de plus en plus mise en péril par les effets dévastateurs du changement climatique.

Autrefois, les femmes de Bargny pouvaient compter sur une abondance de poissons provenant des eaux voisines pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur communauté. Elles savaient exactement quand et où avoir du poisson, et la mer leur offrait généreusement ses ressources. Mais aujourd’hui, tout a changé.

Les conséquences du changement climatique se font sentir de manière aiguë dans cette région. Les tempêtes violentes et les marées montantes plus fréquentes et plus intenses ont détruit les écosystèmes marins, réduisant considérablement les stocks de poissons. Les femmes transformatrices doivent désormais attendre plus longtemps l’arrivée des pêcheurs. Ces derniers aussi sont obligés d’aller beaucoup plus loin en mer pour espérer avoir des captures modestes.

L’érosion côtière est un autre défi majeur auquel les femmes transformatrices de Bargny sont confrontées. Les maisons qui se trouvaient autrefois en sécurité sur la terre ferme sont maintenant menacées par la montée des eaux. Les marées de plus en plus hautes engloutissent lentement mais sûrement les terres où se trouvaient leurs ateliers de transformation. Les femmes se retrouvent ainsi démunies face à la perte de leurs infrastructures de travail et à la fragilisation de leurs moyens de subsistance.

 

La situation est encore aggravée par les effets socio-économiques du changement climatique. La rareté des poissons pousse les femmes du poisson à payer des prix exorbitants pour s’approvisionner, ce qui réduit leurs marges bénéficiaires déjà minces. Elles font face à des difficultés financières croissantes pour maintenir leurs activités et subvenir aux besoins de leur famille. Les conséquences sont ressenties non seulement sur le plan économique, mais aussi sur le plan social, car les femmes voient leur rôle et leur statut traditionnel remis en question.

Pourtant, malgré ces défis écrasants, les femmes transformatrices de Bargny ne se résignent pas. Elles se mobilisent et s’organisent pour faire face à cette réalité difficile. Elles cherchent des solutions innovantes et s’adaptent aux nouvelles conditions. Certaines ont commencé à explorer des techniques de transformation alternatives, tandis que d’autres se sont tournées vers des activités génératrices de revenus complémentaires, comme l’artisanat.

Le site de Khelcom à Bargny Geutch

Ces femmes extraordinaires méritent notre attention et notre soutien. Leurs récits sont un rappel poignant de la vulnérabilité des communautés du Sud face au changement climatique, et de la nécessité urgente d’une action collective. Il est essentiel que nous travaillions ensemble pour renforcer leur résilience, protéger leurs moyens de subsistance et promouvoir une justice climatique qui tienne compte de leurs réalités spécifiques.

Les femmes transformatrices de Bargny nous montrent la force de la résilience et de la détermination face à l’adversité. En les écoutant, en partageant leurs récits et en prenant des mesures concrètes pour soutenir leur lutte, nous pouvons contribuer à créer un avenir plus juste et durable pour toutes les communautés touchées par le changement climatique.

 

Bachir Ndoye

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