À Dakar 40 jeunes formés au plaidoyer pour la transition énergétique

Durant deux jours, les 9 et 10 mai, une quarantaine de jeunes venus de différentes localités  se sont réunis à Rufisque à l’invitation de l’organisation Teranga Lab, en partenariat avec 350 Africa. Objectif : les armer intellectuellement et techniquement pour devenir des acteurs du plaidoyer climatique.

Dans une salle baignée de chaleur mais électrisée par l’enthousiasme des participants, les échanges ont commencé par une mise en contexte des enjeux liés à la transition énergétique. « Il s’agit d’une réponse collective aux défis environnementaux, économiques et sociaux contemporains », explique Alexandre Guibert Lette, spécialiste en campagnes climatiques, lors de la session inaugurale. Le ton est donné : l’énergie propre n’est pas qu’une affaire de technologie, mais aussi de justice et de dignité.

Un plaidoyer à structurer…

Au-delà des constats, l’atelier visait à outiller les jeunes pour porter un plaidoyer structuré. Une session consacrée au plaidoyer SMART, a permis aux participants d’apprendre à construire des messages clairs et efficaces. Conseils de formulation, exemples de mobilisation réussie, et retours d’expérience ont ponctué les échanges. Plusieurs jeunes ont exprimé leur volonté de transposer ces acquis dans leurs localités, convaincus que le changement commence aussi au niveau communautaire.

Créer pour convaincre!

L’après-midi du premier jour a laissé place à un temps de création collective. Répartis en groupes, les participants ont conçu des outils de sensibilisation sur la transition énergétique : vidéos, podcasts, affiches ou textes narratifs. L’exercice a révélé des talents insoupçonnés. Entre éclats de rire et débats passionnés, les jeunes ont uni leurs voix pour transmettre un message commun : la lutte contre le dérèglement climatique est aussi une affaire d’imagination et d’émotion.

« Je n’aurais jamais pensé que je pouvais faire passer un message aussi fort à travers une vidéo », confie Mariama Diassy, 22 ans, venue des Parcelles Assainies de Dakar. « C’est la première fois que je sens que mes idées peuvent avoir un impact. »

Justice climatique, une prise de conscience collective

Le lendemain matin, la discussion s’est recentrée sur un concept encore trop absent des débats publics : la justice climatique. Les intervenants ont souligné le caractère profondément inégal de la crise climatique. L’Afrique, bien que responsable de moins de 4 % des émissions mondiales de CO₂, est l’un des continents les plus durement touchés par ses effets.

La prise de conscience est immédiate. Dans la salle, les témoignages affluent : ici une famille déplacée par la montée des eaux, là une récolte ruinée par la sécheresse. Pour nombre de participants, la justice climatique n’est plus un concept abstrait, mais une réalité vécue. « On ne peut plus se taire. Il faut porter la voix des nôtres surtout dans un pays où nous sommes majoritaires à plus de 70% », affirme Baye Mbaye Mar, jeune militant venu de la banlieue Dakaroise, Thiaroye.

Pour clôturer l’atelier, un jury a évalué les productions créées la veille. Trois œuvres ont été primées, saluées pour leur originalité et leur capacité à interpeller. Mais au-delà des récompenses, c’est surtout un sentiment collectif de fierté et de détermination qui domine.

Teranga Lab envisage déjà la suite. Un festival de création de contenus de plaidoyer est en projet, pour donner une visibilité plus large à ces voix émergentes et amplifier leur impact. « Nous voulons offrir une plateforme à cette jeunesse qui refuse la résignation », explique Alexandre Guibert, coordonnateur de l’équipe.

Dans un pays où les effets du changement climatique se font sentir avec acuité, la formation de ces jeunes militants pourrait bien marquer un tournant. Non plus simples victimes d’un dérèglement global, ils aspirent à en devenir des acteurs majeurs. Par leur parole, leur engagement et leur créativité, ils entendent bien faire du plaidoyer climatique une force citoyenne.

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